Sommaire
- L’atelier Sens Espace, une pédagogie de la perception de l’espace
- Annick LOMBARDET, architecte
- Hervé Baley et Dominique Zimbacca, architectes précurseurs et visionnaires
- Hervé BALEY et Dominique ZIMBACA, architectes
- Transmettre par l’architecture
- Annick LOMBARDET, architecte
- Projets d’architectes formés dans l’atelier Sens Espace
- JP. Campredon, A. Cornier, O. Fougerat, Ch. Mégard, N. Rossetti, K. Awada, L. Casanave, N. Awada
Edito
Une architecture de sens et d’espace : « chassez le naturel… il revient au galop ».
En un temps où, dans les domaines du construit, les objectifs de performance technique et de prix deviennent normatifs et prévalent à tout autre critère relatif à l’humain, le cycle des évolutions et des involutions du monde vivant suggère de nouveaux critères de globalité planétaire et d’humanité, ainsi que des compensations à la surexploitation de la terre qui s’exprime entre autres dans le déséquilibre urbain/rural.
La recherche d’un environnement aménagé et construit pour l’Homme peut-elle négliger la structuration spatiale et orientée du corps humain, des sensorialités et de leur fonctionnement récepteur émetteur – qui participent à la signification de ce qu’il fait et de ce qu’il vit -, en un mot de l’organicité du « sens » ?
L’espace représente pour l’habitant l’immatériel, un potentiel entre les limites. Habitons-nous les murs ou entre murs ?
L’espace dans lequel nous évoluons est chargé d’ambiances, de liaisons entre l’intérieur et l’extérieur, et entre les humains.
Il est un catalyseur des émotions sensorielles et des comportements, mais aussi des sensations de bien être ou mal être, de changement d’échelle, de compréhension, d’instant poétique. Une architecture de sens et d’espace ainsi accompagne l’être humain dans ses perceptions sensorielles, dans son ressenti, amplifie sa sensation d’être là, l’incite à se recentrer, à habiter et à partager les lieux de vie.
Cet ensemble des sensations constitue pour l’habitant un tissus de liaisons avec ce qui l’environne, une nourriture sensible, une alternance de respiration émotionnelle porteuse de stimulations : de la perception de l’espace au vivant de son environnement, et du vivant perçu, il participe au Vivant.
Au-delà d’une résonance d’être avec l’organicité du vivant, une architecture de sens et d’espace confère aux êtres humains et à l’ensemble de tout de qui se développe, naît, meurt, une continuité.
Sa dimension organique favorise une globalité par l’analogie qu’elle sous-tend, une régénérescence des sens, une plus profonde compréhension du rapport de l’Homme au Monde explicitant l’à-propos de ces pratiques d’autant plus qu’aujourd’hui le développement de techniques virtuelles et robotiques se généralise à toutes les activités de l’Homme.
Nous ne pouvons réduire cette utilité de l’organicité à une simple compensation.
Notre pensée moderne de civilisation occidentale tend à diviser « le lait en petit lait et crème», atomisant les constituants de l’entité « lait ».
Ce processus apparaît dans la société, dans l’individu, dans l’aménagement des habitats. Ici n’est pas le propos d’expliquer cette division mais d’introduire qu’une pensée organique participe à la reconstitution du corps « lait ».
Si pour le lait il s’agit de goût, pour l’espace à vivre il s’agit de beauté, non pour briller, séduire ou moraliser, mais d’une beauté généreuse, ranimant une ténuité du vivant ou la vie dans la vie de tout ce que fait l’Homme, en résonance avec cette phrase : l’art du jardinier n’est pas de produire des fruits ou des légumes mais de fertiliser la terre en la cultivant.
Jean-Pierre CAMPREDON
Architecte
