Cahier n°17 – A l’école de Ricardo Porro

Sommaire

  • Ricardo Porro et Renaud de la Noue, oeuvres récentes
    • Ricardo PORRO et Renaud DE LA NOUE, architectes
  • Sur les pas de Ricardo Porro…
    • Véronique LOURS, architecte
    • Pascal MARCHANT avec Eric LAMOUR, architectes
    • Jean Vendelin KRUMMENACKER avec Henri DRESSE, architectes

Edito

La Havane 1970, école d’arts plastiques : dès le parvis je suis saisi par les trois voûtes de l’entrée qui nous engloutissent dans un lieu fantastique, les galeries rythmées par des pilastres d’où jaillissent des gargouilles, les salles couvertes de coupoles qui se succèdent dans un jeu de courbes et contrecourbes fascinantes.
Cette découverte a été pour moi un choc inoubliable. Quelle architecture, quelle audace, impensable d’imaginer de tels projets dans l’unité pédagogique (école d’architecture après mai 68) que je fréquentais à ce moment !

Comme le disait Ricardo Porro, l’école d’arts plastiques a été construite en 1960-65 « au moment le plus romantique de la révolution avant qu’elle ne devienne règlement ; un temps éphémère où le merveilleux peut devenir quotidien et l’imagination convoler avec la liberté».

Liberté, imagination, merveilleux sont les qualificatifs évidents de l’architecture de Ricardo Porro qui, après l’expérience cubaine, a pu réaliser de nouveau en France quand Jean-Pierre Lefebvre lui rendit la parole, comme il l’écrit lui-même.

Grâce à la Sodedat 93, Société d’Economie Mixte du département de la Seine-Saint-Denis dirigée par Jean Pierre Lefebvre, Ricardo Porro et Renaud De La Noue réalisent enfin leurs premières œuvres en France en 1988 avec un programme de logements sociaux à Stains dont le but est de « détruire les limites », et le « Collège colombe » Elsa Triolet à Saint-Denis.

A la suite de ces réalisations, de nombreux autres projets situés en région parisienne ou en province ont été conçus lors de concours et ont pu heureusement être réalisés pour une partie d’entre eux.

Ricardo Porro a enseigné à l’Ecole d’Architecture de Strasbourg, puis à celle de Lille. C’est là que des promotions d’étudiants ont peu à peu constitué ce que l’on a nommé l’« Ecole de Lille ». Renaud de la Noue, Pascal Marchant, Véronique Lours, et tant d’autres comme Jean Vendelin Krummenaker de Strasbourg ont appris à « détester l’imitation » et à « vouloir devenir eux-mêmes » parce que Ricardo Porro a su leur communiquer ses émotions.

A ses étudiant(e)s, il demande un entraînement rigoureux, d’aimer l’art, la culture, d’aimer ce qu’ils font et enfin qu’ils aiment la ville, une ville où les citoyen(ne)s puissent se rencontrer. Ces principes de philosophie architecturale devraient être simplement ceux de tout architecte.

Les élèves de Porro ont signé des projets et réalisations remarquables, exceptionnelles et personnelles. Chaque architecture est singulière comme l’écrit Coop-Himmelblau, une architecture « qui brille, qui pique, qui se brise et se déchire lorsqu’elle s’étire. […] Vivante ou morte. Si elle est froide, alors froide comme un bloc de glace. Si elle est chaude, alors brûlante comme une aile enflammée ».
Présenter ces projets dans ce numéro de la revue de l’IFMA est une occasion de revoir ou de découvrir cette magnifique Architecture, aujourd’hui trop peu publiée.

Gilles JACQUEMOT
Architecte