Architecture organique : les enjeux de notre époque

Naissance du mouvement organique : le renouveau artistique des années 1900

Voute centrale de la Sagrada Familia, Antonio Gaudi
Voute centrale de la Sagrada Familia, Barcelone, Espagne, Antonio Gaudi, 1883-1926 Photo : P. van der Ree

Dès la fin du 19ème siècle, des architectes de renom ont puisé dans le monde vivant les sources d’une inspiration nouvelle.
Ainsi Gaudi, en Espagne, s’appliqua à étudier la structure des végétaux et des forces agissant derrière les formes pour élaborer la dynamique plastique de ses édifices. A la même époque, le français Hector Guimard inspira de motifs végétaux pour imprimer la vie à ses structures comme on peut le voir encore sur les arcades métalliques des entrées de métro, à Paris.

Metropolitain 1900, Hector Guimard
Metropolitain 1900, Hector Guimard, Photo : I. Val De Flor


« Ce qui doit avant tout être absolument évité, c’est tout ce qui est parallèle et symétrique. La nature est le plus grand architecte, et pourtant elle ne crée rien qui soit parallèle ou symétrique » (Hector Guimard).


Deux courants s’opposaient à l’orée de ce 20ème siècle.
D’un côté le réalisme, dont l’exemple le plus connu est la tour Eiffel, triomphait dans la réalisation édifices à ossature métallique dont expression visible devenait la base une nouvelle esthétique. L’Art Nouveau visait, au contraire, à affirmer l’homme créateur en face de l’industrie anonyme. Les artistes de ce courant cherchaient à imprimer au matériau une puissance expressive en l’habillant de motifs inspirés du monde végétal.
La Belgique trouve en Victor Horta, un représentant de cette nouvelle tendance : la maison du peuple, à Bruxelles, avec ses façades vitrées aux courbures vivantes exprime jusque dans le traitement des détails un langage de formes organiques.

Ce renouveau stylistique appelé aussi Jugendstil ou Modernstil voit le jour simultanément dans différents pays, de l’Espagne et de l’Italie, jusqu’aux pays nordiques, empruntant aux cultures locales leur coloration spécifique : en Ecosse avec Charles Rennie Mackintosh, en Allemagne avec Henry van de Velde, en Finlande avec Eliel Saarinen

Ornement de façade du Guaranty Building, Louis Sullivan
Ornement de façade du Guaranty Building, USA, Louis Sullivan, 1896 Photo : P. van der Ree

Aux Etats Unis, le tournant du 19e siècle est marqué par la figure de Louis Sullivan, auteur d’un des premiers gratte-ciel.

Convaincu d’une logique intrinsèque à la création des formes, il élabore un système d’ornement dont les motifs sont puisés dans le règne végétal.

Métamorphose de formes organiques d'après des esquisses de Louis Sullivan
Métamorphose de formes organiques d’après des esquisses de Louis Sullivan – 1924

Il pense que l’architecte doit s’accorder aux processus vivants de la nature parce que ces processus, ces rythmes sont essentiels, organiques, logiques au-dessus de toute logique livresque.

La métamorphose  dans  le  monde végétal
La métamorphose dans le monde végétal : la plante manifeste les étapes de sa croissance à travers la transformation de ses feuilles jusqu’à la fleur.

Considéré comme le père de l’architecture moderne il va en définir l’orientation fondamentale à travers la formule célèbre form follows function (la forme suit la fonction).