Pour une écologie à visage humain

4. Retrouver la nature par les perceptions sensorielles

Il ne suffit pas de vouloir résoudre sur un plan purement technique les problèmes de l’accroissement des rejets nocifs, de l’amoncellement des déchets et de l’épuisement des ressources. Les cycles et les rapports avec l’environnement doivent redevenir pour l’homme une réalité accessible aux sens.
L’architecture et la technique urbaine ont ici un rôle formateur pour éveiller la sensibilité et la responsabilité à l’égard des sources de vie.
La tâche des concepteurs, en se réduisant à des aspects purement fonctionnels et formels, a négligé par là un besoin fondamental de l’être humain : de retrouver à travers l’expérience des sens l’accès aux éléments naturels (eau, air, énergie) et aux lois formatrices et organiques qui sont à l’œuvre  dans la nature.
Dans un milieu construit où la perception de l’eau se réduit à l’espace situé entre le robinet et le siphon, la relation à cet élément indispensable à la vie se trouve nécessairement appauvrie.
La mise en œuvre de techniques intégrées à la nature qui rendent les cycles et les processus naturels d’échanges perceptibles aux sens, l’usage de matériaux de qualité (chaleur, toucher) introduisent une orientation de l’architecture et de l’urbanisme vers les sens et ouvrent vers une nouvelle esthétique.

5. Réintroduire la diversité des fonctions

Restructurer l’espace de manière vivante, c’est aussi reconstituer des liens sociaux, en favorisant la circulation des idées, la coopération, et en réorganisant un mélange et une variété d’activités et de densité à l’échelle du quartier.
Cela signifie de prendre des distances avec la Charte d’Athènes, en réintroduisant le mélange des fonctions urbaines de l’Habitat, du Travail et des Loisirs.
Cette nouvelle proximité peut ouvrir des possibilités d’économie de temps et de transports, en limitant les trajets. L’automobile comme élément dominant pour la structuration de la ville, a dévalué la qualité de l’espace urbain.

Il ne s’agit pas de supprimer l’automobile, mais plutôt de l’inscrire dans un tissu de circulations différenciées, de développer d’autres modes de transports et d’équilibrer ses exigences avec les autres besoins de la vie humaine.


Réintroduire la diversité et la densité composée, c’est créer de nouvelles symbioses entre l’urbanité – qui ne va pas sans forte densité, hétérogénéité et diversité d’expériences – et la présence d’espaces libres intégrant des éléments naturels, des espaces intermédiaires ou privatifs de qualité et d’échelles différentes.